Ceux qui tenaient la barre

Ce matin nous étions cinq à tenir la barre, une barre, dans le métro bondé.
Il y avait de bas en haut (selon l'ordre de nos poings serrés):
la jeune fille au teint mat qui garda les yeux fermés tout du long en écoutant son lecteur mp3, la dame blonde à l'anorak rose qui lisait Freakonomics, tellement absorbée par son livre que parfois elle lâchait la barre, à la dérive, moi, le monsieur effacé dont je ne vis que le front, et l'autre, intercalé devant lui, à l'air de marin breton, maigre, aux yeux bleus de mer, en vareuse ou tout comme.
Et ça tanguait un peu, tout ça...
Ils donnaient envie d'être remémorés. Voilà.